Votre entreprise : vous l’avez rêvée, imaginée, créé, il vous reste à la nommer… Tâche ardue s’il en est. J’ai toujours trouvé que donner un nom était une action difficile. C’est un choix aux conséquences importantes, une décision avec laquelle il faudra vivre pendant longtemps. J’ai passé de longs mois à trouver les prénoms de mes enfants et presque autant à choisir celui de mon entreprise. Pourquoi Trëma d’ailleurs ? Parce que c’est un nom facile à prononcer dans mes deux langues de travail, parce que c’est une particularité de ma langue maternelle apparaissant sur mon prénom et enfin, parce que ce diacritique a toujours interloqué les anglophones (et donc suscité des questions sur la langue et la traduction… vous me suivez ?).
Pour ceux qui hésitent encore, voici quelques éléments de réflexion :
Trois options s’offrent à vous pour choisir le nom de votre entreprise. Vous pouvez utiliser :
- votre propre nom (prénom et nom de famille)
- un nom commercial
- une combinaison des deux
Chaque option a bien entendu ses avantages et ses inconvénients :
1- Utiliser votre propre nom
De nombreux traducteurs choisissent cette option, surtout lorsqu’ils optent pour un statut d’autoentrepreneur ou décident de travailler en priorité pour des agences de traduction.
Avantages | Inconvénients |
– Nom facile à trouver et totalement unique (sauf si vous vous appelez Marie Durand). – Personnification de l’entreprise : visibilité accrue du propriétaire. – Pas de confusion possible entre l’entreprise et son propriétaire. |
– Difficulté à orthographier ou retenir un nom compliqué ou d’origine étrangère. – Pas de différenciation possible entre l’entreprise et son propriétaire sur les réseaux sociaux (notamment sur Facebook et Twitter). – Peu évocateur : impossibilité de donner une image à l’entreprise. |
2- Choisir un nom commercial
Un nom commercial est le nom sous lequel l’activité d’une entreprise sera connue du public. À ne pas confondre avec la dénomination sociale qui identifie l’entreprise en tant que personne morale (si c’est une société). La dénomination sociale et le nom commercial peuvent être les mêmes, mais pas obligatoirement. Quelques exemples inventés : Traductions nantaises, La ronde des mots, Transpose Translations, etc.
Avantages | Inconvénients |
– Démarche créative. – Raconte une histoire : reflète l’identité et l’image que l’on veut donner à l’entreprise. – Peut être plus facile à retenir et plus court que le nom du propriétaire. – Identité séparée peut contribuer à créer une image plus professionnelle. |
– Choix difficile : le nom doit être évocateur, mais aussi facile à prononcer et à retenir. – Quelle langue privilégier ? Celle du traducteur ou celle de ses clients potentiels ? (XY Traduction ou XY Translation)
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3- Opter pour une combinaison des deux
Comme de nombreux traducteurs, vous pouvez également créer un nom commercial à partir de votre nom et d’un terme choisi, par exemple Marie Durand Traductions ou Johanna Translates.
Avantages | Inconvénients |
– Combine les avantages des deux options précédentes : identification claire du propriétaire sans perdre la possibilité de développer une image pour l’entreprise. |
– Limite les choix possibles. – Nom et URL peuvent être trop longs ou trop complexes pour être retenus facilement. – Le choix de la langue se pose également.
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Certains auront la chance de trouver facilement un nom pour leur entreprise de traduction. Il s’imposera tout naturellement, sans véritable effort. Les autres devront réfléchir longuement avant de choisir. À ceux qui manquent d’inspiration, je vais confier le secret de ma belle-sœur graphiste. Dans son métier très créatif, il faut savoir trouver rapidement des idées originales, elle a donc mis au point une méthode simple et efficace pour débrider sa créativité :
- Définissez l’univers que vous souhaitez associer à votre marque : l’image que vous aimeriez renvoyer (professionnalisme, qualité, originalité, etc.).
- Écrivez ou tapez tous les mots qui vous viennent à l’esprit en pensant à cet univers ou à ces mots-clés, sans vous donner de limites en termes de temps, de langue, de sujet, de propriété intellectuelle, etc. Élargissez au maximum, pensez aux synonymes, aux jeux de mots, aux origines et aux traductions ainsi qu’aux images que certains termes peuvent évoquer.
- Pensez à en parler autour de vous afin de mutualiser les neurones et les associations d’idées. Dans la même veine, certains sites organisent des concours de création de noms pour vous permettre de bénéficier de l’inspiration d’internautes plus créatifs que vous (service payant).
- Prenez votre temps. Pour renouveler le processus créatif, mettez votre feuille d’idées de côté et réessayez après une nuit de sommeil ou quelques jours passés à faire autre chose.
À l’issue de cette démarche, vous devriez avoir quelques pistes prometteuses, il est alors temps de faire le tri :
- Choisissez les idées qui vous plaisent le plus et prononcez chaque nom à haute voix : en aimez-vous la sonorité ? Est-il facile à prononcer ?
- Demandez l’avis de votre entourage, mais ne vous y fiez pas entièrement : un nom suscite toujours beaucoup de commentaires, il évoque des idées différentes pour chacun. Cependant, s’il fait systématiquement rire tous vos interlocuteurs ou que la moitié des gens vous demandent de le répéter, il faudra sans doute envisager autre chose.
- Même si vous ne comptez pas créer de site web dans l’immédiat, vérifiez la disponibilité de l’URL des noms que vous avez trouvés. Effectuez cette recherche à l’aide d’un moteur de recherche, mais pas seulement. Certains noms de domaine ne sont pas utilisés, mais appartiennent tout de même à quelqu’un, mieux vaut donc vérifier auprès d’un revendeur de nom de domaine (domaine.fr, 1&1.fr) si vous pourrez éventuellement utiliser le nom que vous avez choisi pour créer le site web de votre entreprise.
- Vérifiez également si le ou les noms que vous avez choisis ne sont pas des marques protégées sur le territoire français. Pour cela, consultez gratuitement la base de données des marques de l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI).
Si tous les voyants sont au vert, foncez :
- Enregistrez votre marque auprès de l’INPI et votre nom de domaine auprès d’un revendeur pour que personne d’autre que vous ne puisse les utiliser.
- Développez l’identité visuelle de votre marque (logo, couleur, typographie) qui permettra de l’identifier au premier coup d’œil et que vous déclinerez sur l’ensemble de vos publications et documents d’entreprise (facture, devis, site web, page Facebook, etc.).
Et vous ? Quel nom avez-vous donné à votre entreprise et comment l’avez-vous choisi ?
POUR ALLER PLUS LOIN
- Recherche d’URL (Domaine.fr)
- Recherche de marque (INPI)
- Procédure d’enregistrement d’une marque (INPI)
- Les mots nomades : l’histoire d’un nom (Jeanne Vandewattyne)
L'autrice
Gaële Gagné est traductrice indépendante depuis plus de 15 ans et dirige Trëma Lingua, une société proposant des services de traduction rédactionnelle (marketing et communication) de l’anglais vers le français.
Fondatrice de Tradupreneurs, elle partage sa passion pour l'entrepreneuriat avec ses confrères et consœurs pour leur permettre de s'investir pleinement dans cette sphère essentielle de leur activité.
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