Cette semaine, Gaële et Orane me laissent la place pour que je revienne sur mon expérience de stagiaire. Qui suis-je ? Louison Douet, l’étudiante en master de traduction qui a obtenu un stage tout particulier auprès d’Orane. D’une part, à cause de la situation qui nous a contraint à maintenir la distance entre Le Mans et Lille en communiquant via Discord notamment. D’autre part, grâce à la qualité de celui-ce que je vais tâcher de vous expliquer.

Afin de passer de la théorie à la pratique et pour valider ma première année de master, j’étais tenue de réaliser un stage auprès de professionnels pour visualiser concrètement la réalité du métier de traducteur. Mon stage touchant maintenant à sa fin, il est temps pour moi de faire le bilan de cette expérience. Dans l’article de cette semaine, je vous partage mon point de vue sur ces huit semaines passées auprès d’Orane, sur ce que j’ai appris et mon ressenti global. Vous découvrirez la semaine prochaine son retour d’expérience.

Comment tout a commencé

Avant toute chose, plaçons le contexte. Animée par ma passion pour les langues, j’en ai fait le cœur de mes études depuis le lycée. Au cours de ma licence, j’ai commencé à envisager les métiers de la traduction. Me voilà maintenant étudiante du Master de Traduction Spécialisée Multilingue (TSM) de l’université de Lille. Pour valider nos acquis et observer le côté pratique, l’université nous demandait de réaliser un stage en agence de traduction.

Problème, les conditions sanitaires qui nous privent de nombreuses opportunités depuis des mois limitent également les offres. Face à la difficulté de notre recherche, l’université nous a finalement ouvert la possibilité de réaliser notre stage auprès d’une traductrice indépendante ou d’un traducteur indépendant. C’est ainsi que j’ai eu vent de l’offre d’Orane en avril. J’ai donc saisi ma chance et rempli son formulaire en espérant enfin décrocher le tant convoité stage.

Et ce fut chose faite en fin de semaine à la suite de notre rencontre sur Zoom, covid oblige. Quelques allers-retours d’e-mails plus tard, les papiers étaient en cours et le début officiellement fixé pour le 25 mai. J’allais donc pouvoir concrétiser mon projet grâce à ce stage de fin d’année chez Tradistica. Le but ? Découvrir la réalité pratique du métier, appliquer les connaissances acquises pendant l’année, observer et apprendre d’une professionnelle en action.

Une première semaine particulièrement riche en découvertes

L’IMPORTANCE DE L’ORGANISATION : DÉCOUVERTE DES OUTILS

Évidemment, à ce stade, tout était nouveau. Si j’avais des bases sur les techniques de traduction, l’utilisation des outils de TAO et quelques tâches administratives grâce à mes cours, le quotidien d’une traductrice indépendante restait encore à découvrir dans de très nombreux aspects.

Dès le premier jour, Orane m’a présenté plusieurs outils qui l’aident à organiser son quotidien. De cette façon, j’ai pu les prendre en main et les intégrer progressivement à ma propre organisation. Cela m’a permis de commencer à les maîtriser au fur et à mesure de mon stage, ce qui me permettra, par la suite, d’élaborer un espace de travail fonctionnel et opérationnel lorsque je me lancerai à mon tour. J’ai notamment pris l’habitude de suivre le temps nécessaire à chaque tâche grâce à l’outil Toggl qui m’a aussi permis de comptabiliser mon temps de travail journalier, et de savoir ainsi quand j’avais fini mes journées de stage.

Pour l’organisation quotidienne et plus globale, nous avons utilisé Notion. La polyvalence de cet outil en a fait le centre de notre communication : hébergement de mon planning de tâches, de toutes les consignes et ressources dont j’avais besoin pour celles-ci ainsi que des accès vers les formations. Entièrement personnalisable, notre espace partagé a constamment évolué à mesure que mes tâches progressaient et que je gagnais en aisance, ce qui m’a ensuite conduit à créer de nouveaux espaces.

Toujours dans l’idée d’apprendre à gérer son temps et de construire un système d’organisation solide, clé du travail indépendant, j’avais des tâches à remplir de façon hebdomadaire. Chaque jour, je devais consacrer une demi-heure à une veille sur Feedly et une autre pour suivre une formation de dactylographie. Ces deux points s’inscrivent dans la formation continue, un aspect essentiel dans les métiers de la traduction qui doivent s’adapter aux évolutions constantes des langues.

APPRENDRE EN PRATIQUANT DÈS LE DÉBUT

L’une de mes premières tâches a consisté à relire les articles de ce blogue. Le but était de repérer les potentiels liens cassés et coquilles et de s’imprégner du contenu pour trouver de nouveaux titres. Toutefois, cela a avant tout été pour moi une opportunité d’apprendre. Les articles du blogue de Tradupreneurs sont d’ailleurs une source d’informations que je vous conseille de consulter (mais peut-être pas d’un seul coup comme j’ai pu le faire).

J’ai également lu tout le site de Tradupreneurs lors du testing des versions bureau et mobile, et je peux donc vous assurer que vous y trouverez nombre de conseils et ressources utiles au développement de votre activité de professionnel·le de la traduction.

En plus de toutes les connaissances découvertes et acquises au cours de ces missions et échanges avec Orane, cette première semaine a marqué mes débuts en sous-titrage. Après un tour d’horizon des conventions et des réglages à employer, j’ai appris à utiliser le logiciel Subtitle Edit. Vous pouvez retrouver ces vidéos sur les pages des parcours Découverte, Lancement et Croissance et sur la chaîne YouTube de Tradupreneurs.

La suite de l’aventure

LE STAGE : DÉCOUVERTES ET VALIDATION DES ACQUIS

Au cours des semaines suivantes, j’ai continué à consolider l’utilisation des différents outils présentés la première semaine et à ancrer mes habitudes quotidiennes. J’ai aussi mobilisé mes acquis sur des tâches répétées ou maîtrisées comme la traduction, mais de nombreuses nouveautés m’attendaient encore.

Orane a eu l’occasion de me montrer en détail la gestion interne de Tradistica. Au début du mois de juin, nous avons fait un point sur la comptabilité et les outils qu’elle utilise pour s’aider. Elle a pu me présenter son organisation, mais aussi toutes les tâches à réaliser en début de mois (déclaration de CA, DES, factures, etc.). Dans ce cadre administratif, j’ai dû établir un prévisionnel et évaluer les frais nécessaires au lancement de ma potentielle future activité de traductrice. L’objectif étant que j’ai une vision claire du détail et du montant des charges à prendre en compte pour ainsi fixer à mon tour mon tarif et mon taux horaire, dans un souci de rentabilité.

Dans ce stage, les découvertes viennent en grande partie de nouveautés, et il y en a eu beaucoup avec le lancement de Tradupreneurs. Je vous ai déjà parlé de mes débuts en sous-titrage, mais j’ai aussi participé brièvement au tout premier Tradudirect. Dans ce live, Orane et Gaële ont présenté leur initiative pas à pas en expliquant chacune des pages de leur site.

LE STAGE : UNE OPPORTUNITÉ DE SE METTRE EN SITUATION

Ce tout nouveau projet, Tradupreneurs, s’est également accompagné de tout nouveaux comptes sur les réseaux sociaux, et donc de création de contenus. Autre grande première pour moi, j’ai été chargée de la création des modèles pour les épingles Pinterest. Cette mission est la suite directe de ma tâche de relecture des articles, car chacun des visuels vous renvoie à l’un d’eux.

Initialement, je devais créer trois ou quatre designs, mais après avoir pris en main Canva, j’en ai finalement réalisé quatre déclinés pour chacune des catégories du blog et trois par parcours. Ces 28 visuels m’ont ensuite permis de préparer des épingles variées pour tous les articles déjà publiés et ceux-ci serviront également à créer des épingles pour les nouveaux articles de blog.

Je me suis aussi vu confier la traduction de courriels pour France Parrainages. Cette association française créée après la Seconde Guerre mondiale s’est promis d’aider les enfants à travers le monde en les scolarisant. Ma mission intervient dans le cadre de la relation épistolaire qu’entretiennent les filleul·es et leurs marraines et parrains donateurs qui ne parlent pas la même langue. J’ai ainsi pu réaliser des traductions de suivi médical et de lettres d’enfant. L’avantage avec ce travail bénévole, c’est que j’ai pu le prendre en charge entièrement, à l’inverse des projets des clients d’Orane qui étaient soumis à une clause de confidentialité. Toutefois, ce projet m’a servi de véritable mise en situation. En effet, il représentait un enjeu important et utile, et je devais respecter une véritable date de livraison.

De nombreuses opportunités d’apprendre

L’IMPORTANCE DE LA FORMATION CONTINUE

Pendant ce stage, Orane a dédié une partie importante de mon temps au suivi de plusieurs formations. J’ai déjà mentionné la dactylographie dont la répétition hebdomadaire m’a permis de progressivement m’améliorer (si on oublie les nombres… je vais continuer à utiliser mon clavier numérique). Cette formation était inattendue, mais pourtant des plus logiques dans un métier maintenant entièrement numérisé. D’autant plus utile puisque savoir taper rapidement permet d’augmenter sa productivité, non seulement en traduction, mais également en rédaction d’e-mails et de publications.

J’ai également suivi une formation sur Notion pour parfaire mes connaissance sur les différentes fonctionnalités et usages déclinés possibles. En plus de mon usage quotidien, cette formation m’a fait prendre progressivement confiance. Ainsi, je me suis habituée doucement, d’abord en modifiant quelques petits éléments des templates et pages créés par Orane. Maintenant, je crée mes propres pages pour suivre la progression de mes différentes missions et organiser mon espace de travail numérique.

Toujours dans une volonté d’apprendre à établir une organisation solide, j’ai été formée à la méthode zéro courriel. Cette méthode part du principe que la boîte de réception doit seulement recevoir les e-mails. Il faut ensuite effectuer un classement de priorité et agir en conséquence pour qu’elle soit vide. Tout l’intérêt de connaître et de suivre cette méthode est d’évacuer la source de stress que peut représenter cette tâche et de mieux gérer son temps. Comme tout freelance, je ne pourrai me permettre de passer la journée à répondre à mes e-mails et j’évite ce problème en prenant cette bonne habitude dès maintenant (eh oui, mon inbox est encore à zéro aujourd’hui).

LES DIFFÉRENTES FORMES PRISES PAR LA FORMATION

Orane a également dédié une partie de mon planning à l’écriture inclusive. Elle m’a donné des ressources variées constituant un tour d’horizon bien plus complet que ce j’avais pu faire seule. La lecture et l’analyse de ces guides, articles de blog, podcasts et vidéos m’ont donné l’occasion de découvrir pleinement le concept dans toute sa dimension historique ainsi que les différentes techniques qui s’offrent à nous pour être plus inclusifs dans notre utilisation du langage. Par la suite, j’ai appliqué ces nouvelles connaissances dans des exercices consistant à repérer le langage non inclusif, puis à le remplacer en utilisant ces techniques.

Ma formation a aussi pris la forme de conférences en ligne aux thèmes variés allant du marketing à plusieurs domaines de la traduction en passant par des présentations d’outils. Celle sur le marketing reste probablement la plus formatrice comme j’avais encore tout à apprendre à ce niveau. Cette série d’interviews m’a donné une meilleure vision de ce que représente le marketing pour une personne travaillant dans la traduction et toute son importance pour se démarquer et assurer la pérennité de son activité.

L’importance du marketing

J’ai pu mettre tout cela en application dans la dernière partie de mon stage. Sur les dernières semaines, Orane a mis en place une progression pour me guider et m’aider à établir ma propre stratégie marketing. Ce processus est long et loin d’être abouti, mais son encadrement m’aura offert une porte d’entrée pour développer mon projet professionnel en conséquence.

Tout a commencé par la présentation du concept de l’ikigai pour orienter ma réflexion et trouver la spécialisation qui me correspond. S’en sont ensuite suivies plusieurs étapes clés que la blogueuse Aline de The BBoost mentionne aussi pour développer un business. J’ai donc passé plusieurs jours à créer les profils de mes clients idéaux et à réfléchir à mon unique selling point. Tout ceci a nourri ma réflexion pour la création d’un nom commercial et d’une identité visuelle. Ces derniers éléments pourront ensuite servir à l’élaboration de mon futur site internet, de cartes de visite et de brochures, et être utilisés pour mettre à jour mon CV, mon profil LinkedIn et ceux des autres réseaux professionnels dans l’optique de viser les profils de clients idéaux que j’ai établis.

Et maintenant ?

Mon stage touche à sa fin (plus que demain). J’ai énormément appris, tous les jours, mais de façon digeste si bien que je pense avoir retenu tous les aspects importants. Le recul pris pour la rédaction de mon rapport et de cet article me permet de constater que j’avais certains aprioris et qu’ils ont été bousculés. Certes, je m’attendais à en apprendre davantage sur la journée type d’une traductrice (bien que cela n’existe pas vraiment), sur l’organisation du temps de travail, la relation client, la gestion administrative.

En revanche, une grande partie des apprentissages et tâches étaient pour moi insoupçonnés. Comme ce concept était entièrement nouveau, je n’avais pas envisagé l’aspect marketing dans toute son ampleur et sa variété. Je n’imaginais pas non plus ce qu’impliquait vraiment l’indépendance dans la répartition temporelle de toutes les autres tâches parallèles à la traduction, et donc non facturables.

J’ai le sentiment d’avoir eu une chance assez exceptionnelle avec ce stage. Je tiens donc à remercier Orane pour l’importance accordée à ma formation, car je doute que les stages des autres étudiant·es de ma promotion aient été aussi riches. Je connais la nécessité de la formation continue pour les traducteurs et traductrices, et ce point semble vraiment avoir été essentiel dans mon expérience. Ces apprentissages et tout le savoir qu’elle m’a transmis directement me constituent une base de connaissances solides, diverses et pratiques. J’ai maintenant un bagage utile pour mon avenir professionnel, bagage que j’aurais difficilement acquis autrement.

Le but premier de ce stage était de se confronter à la réalité du métier de traducteur et c’est chose faite, je pense, dans toute son ampleur. Orane m’a ouvert les portes de Tradistica et m’a montré qu’être traductrice, c’est bien plus que passer la journée à traduire. Ou plutôt moins, parce que pour être traductrice indépendante, il est impossible de passer la journée seulement sur cette tâche tant il y a de choses à faire en parallèle. C’est tout ce monde que j’ai découvert en passant de la théorie à la pratique à ses côtés.

Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Quelle a été votre expérience de stagiaire cette année ? Auriez-vous aimé bénéficier de cet apprentissage ? Votre expérience est-elle comparable ou complètement opposée ? Pensez-vous également que la profession de traducteur allie tâches de production, tâches administratives, tâches marketing et formation continue ? Si vous êtes déjà en activité, auriez-vous souhaité faire ces découvertes avant de vous lancer ?

POUR ALLER PLUS LOIN :

portrait de Louison Douet

L’autrice

Louison Douet est étudiante du Master Traduction Spécialisé Multilingue de l’université de Lille. Elle a réalisé son stage de fin d’année de M1 auprès d’Orane, chez Tradistica.

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